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Discours à la manifestation de Vilvorde pour les travailleurs de Clabecq

Cher.e.s camarades

La campagne lancée autour du terrain de Vilvorde a pour raison immédiate et évidente la réparation d’une injustice, la fin de 27 ans de spoliation des travailleurs de Clabecq.

Mais il s’agit aussi pour nous, parce que le temps passe et les générations se renouvellent, de faire revivre la mémoire de l’extraordinaire travail effectué par ces deux générations de délégations syndicales, ce travail qui avait fait des Forges un bastion du mouvement ouvrier et anticapitaliste. L’organisation d’un contre pouvoir solide dans l’usine, l’effort constant de d’élévation de la conscience collective et de la participation de chacun, la solidarisation avec les autres luttes ouvrières ou étudiantes et le combat contre le racisme et le fascisme, sont autant de fronts sur lesquels les délégués de Clabecq ont démontré tout ce que le travail syndical recelait de potentiel de libération collective.

Mais l’épopée de la lutte ouvrière à Clabecq peut aussi être examinée sous un autre angle.
Car c’est aussi parce qu’ils ont poussé ce travail au plus loin que les délégués et travailleurs des Forges ont durement éprouvés les limites du travail syndical en entreprise.
Et ce moment là est également plein d’enseignement.

En effet, au moment le plus avancé de la lutte, toutes les forces attachées à la perpétuation du système ont mis bas les masques et ont fait bloc contre les travailleurs des Forges :
– L’appareil médiatique avec des campagne de presse haineuses et mensongères contre la délégation syndicale;
– La police et la gendarmerie qui tentaient d’entraver les manifestations et qui menaient des enquêtes sur les syndicalistes;
– L’appareil judiciaire qui a mis en branle un long procès contre les travailleurs en lutte;
– Les autorités régionales qui s’étaient substituées au patronat et qui oeuvraient pour fermer l’usine;
– Les partis politiques, à commencer par le PS, aux commandes de ces autorités;
– Les directions syndicales qui expulsèrent les syndicalistes et qui trahirent les travailleurs des forges.
Tous ont joué leur rôle, tous ont assumé leur place dans les rangs du camp du capital.

Et en face, aux côté des travailleurs de Clabecq, uniquement les autres travailleurs, mais en masse, mobilisés par dizaines de milliers.
C’était, littéralement, classe contre classe.
Et il en sera toujours ainsi dès que la lutte arrivera à un certain niveau de maturité ou de radicalité, la polarisation révélera l’existence de seulement deux camps, et obligera chacun à choisir le sien.
Nous connaissons le nôtre, à nous de l’organiser, de le renforcer, et de lui donner la volonté et les moyens de passer à l’offensive.
Puissions-nous le faire avec le dévouement, la détermination et l’intelligence des travailleurs de Clabecq.