Nous relayons le communiqué de la « campagne de réquisition solidaire » menée depuis décembre 2020. Chaque réquisition s’était bien passée jusqu’ici, permettant d’abriter plusieurs centaines de personnes sans-papiers. La réquisition de l’Office Pacheco était celle de trop pour les pantins à la tête de la commune et du CPAS de Bruxelles-Ville. Inoccupé depuis quatre ans et sans projet à long terme pour au moins deux ans encore, ce bâtiment est promis à d’autres destinées : celle de prolonger la gentrification et de soustraire à la vue des touristes les classes exploitées, les damné·e·s de la terre.
En faisant donner la police et ses chiens, en refusant tout dialogue avec les meneurs de la campagne de réquisition, les « autorités » nous rappellent qu’elles servent leur classe, qui n’est pas la nôtre. Personne ne doit l’oublier.
Classe Contre Classe
Communiqué de presse – Campagne de Réquisitions Solidaires (27 février 2021)
La commune de Bruxelles choisit la répression et le mensonge plutôt que la solidarité. Hier nous avons voulu réquisitionner l’ancien hospice Pacheco dans le centre-ville. Notre action n’a clairement pas plu aux responsables politiques communaux – Khalid Zian, Président du CPAS et Philippe Close, Bourgmestre de la ville de Bruxelles – qui ont opté pour une répression violente plutôt qu’une négociation. Nous avons été éjecté∙e∙s sans ménagement par la police dans la soirée. 38 personnes ont été retenues pendant plusieurs heures et recevront des amendes. Des personnes ont reçu des coups de pied dans la tête et ont subi des violences verbales. Nous nous demandons d’où vient une réaction si forte contre une action solidaire qui a été plutôt bien accueillie dans d’autres communes et par la région ces dernières semaines. Pourquoi la ville de Bruxelles ne veut-elle pas permettre l’utilisation d’un bâtiment du CPAS vide depuis 4 ans pour y loger des personnes en difficulté? Le CPAS justifie l’expulsion par le fait qu’une occupation temporaire serait actuellement envisagée et qu’un appel public va bientôt être lancé. Khalid Zian, le président du CPAS va jusqu’à affirmer de manière mensongère qu’une occupation pour de l’hébergement aurait été possible « à condition qu’elle soit correctement encadrée et concertée préalablement ». Or, les autorités communales ont été sollicitées à plusieurs reprises par rapport à ce bâtiment (par la Voix des sans-papiers il y a 2 ans déjà, par la Région cet hiver pour du logement d’urgence) et ont refusé à chaque fois de mettre à disposition le bâtiment. Également, le CPAS a affirmé « qu’il ne conclurait pas de convention d’occupation temporaire avec des personnes responsables d’une effraction dans ses bâtiments ». Pourtant, les actions de la campagne de réquisitions, débutées au début de l’hiver, ont permis le l’hébergement de plus de 350 personnes, face à l’incapacité des pouvoirs publics de le faire. Cela arrange par ailleurs bien certains pouvoirs publics voir des collectifs faire leur travail à leur place*. C’est un choix politique que de laisser de tels espaces vides pendant 4 ans et de dépenser une fortune pour du gardiennage 24h/24h, alors que de nombreuses personnes en grande précarité sont sans abri ou mal-logées. Il aurait été parfaitement possible de préserver ce patrimoine architectural – une partie du bâtiment seulement est classée – tout en lui rendant son usage initial, ce pourquoi il a été conçu, à savoir: être un lieu d’accueil pour les plus démuni∙e∙s. En se retranchant derrière une future occupation temporaire, le CPAS veut ainsi éviter que son bâtiment soit occupé par des personnes dans le besoin. Un choix problématique qui montre l’ambivalence – voire la mauvaise volonté – des pouvoirs publics lorsqu’il s’agit de garantir le droit au logement de tou∙te∙s. La bataille pour Bruxelles vacante bat son plein. Alors que squatter est devenu un crime, les occupations temporaires pour des artistes, des artisans ou des start-ups, se multiplient et s’institutionnalisent. En envisageant une telle mise à disposition avec un appel à projet, c’est un choix politique insidieux qui est fait, puisqu’il opte pour la valorisation de l’image du quartier et du bâtiment, ce qui est dans le fond un excellent outil de spéculation immobilière. Devant un propriétaire (même public) avec lequel négocier une occupation temporaire d’un bâtiment, tous les acteurs ne sont pas égaux. Certains publics sont plus « sexy » que d’autres. Et les acteurs et actrices les moins désirables sont, bien entendu, les pauvres et les sans-papiers. D’ailleurs, n’est-ce pas au gouvernement lui-même d’utiliser ses bâtiments vacants pour apporter des solutions là où le besoin est le plus grand, plutôt que de laisser les citoyens rivaliser pour les obtenir ? La majorité communale préfère donc la répression et la recherche d’une échappatoire pour ne surtout pas utiliser son bâtiment comme réponse à des enjeux sociaux urgents. La vision politique ne semble pas tournée vers le soutien aux personnes mal-logées, sans-abri et précaires, au contraire, elle promeut encore un projet qui vise le divertissement. Est-ce réellement ce que nos pouvoirs publics sont censés faire ?