Ebrahim Raïssi, le président de la République islamique d’Iran, est mort. Dès la confiscation du pouvoir par les forces réactionnaires et théocratiques, après la révolution iranienne de 1979, Ebrahim Raïssi s’est fait le bourreau de son peuple en faisant carrière dans le nouveau système judiciaire islamique.
A la fin de la guerre Iran-Irak, par peur des mouvements populaires, le régime a décidé de décimer préventivement l’opposition. Une commission fut mise en place dans chaque prison, composée d’un représentant de la sécurité, d’un juge religieux et d’un procureur. Le procès ne durait que quelques minutes : les prisonniers qui refusaient de collaborer étaient aussitôt exécutés.
Ebrahim Raïssi était membre de ces commissions comme procureur-adjoint de Téhéran. Les commissions des prisons d’Evin et Gohardasht à Téhéran, vont exécuter des milliers de prisonniers politiques, des jeunes à partir de 13 ans, femmes enceintes, hommes ou vieillards, près de 3.800 personnes seront exécutées la première nuit. En quelques mois, 30.000 prisonniers politiques ont été assassinés, majoritairement membres de l’Organisation des Moudjahidines du Peuple d’Iran, du Parti Tudeh (pro-soviétique) et de l’ Organisation des Guérilleros Fedayins du Peuple d’Iran « Majorité », deux partis qui avaient au début soutenu le régime islamiste en l’analysant comme « national et anti-impérialiste ». Furent aussi massacrés les prisonniers de l’OGFPI « Minorité » (opposés dès le début à la République islamique) et des deux grandes organisations des Kurdes d’Iran : le Komala (communiste) et le PDKI (nationaliste).
Son rôle dans ce massacre valu à Ebrahim Raïssi le surnom du « boucher d’Evin » et une belle carrière dans les services répressifs puisqu’avant son accession à la présidence, il était devenu le chef du système judiciaire iranien.
Quelques mois après son accession à la présidence, suite à des élections auxquelles une grande majorité d’Iranien a refusé de participer, sa police assassine une jeune femme kurde, Mahsa Amini, pour tenue non conforme aux lois patriarcales du régime. La vague de manifestations qui suivra sera sauvagement réprimée : 537 manifestants tués dont 48 femmes et 68 enfants. Durant la même période, 309 personnes ont été exécutées. Dizaines de milliers de personnes sont brutalisées par les forces de répression et des milliers seront emprisonnées dans des prisons où règnent viol et torture. Durant toute sa présidence, les minorités arabe, kurde et baloutche seront persécutées et leurs représentants arrêtés, emprisonnés, torturés et pendus.
Les conflits d’intérêts entre l’impérialisme US et le régime théocratique iranien amène celui-ci à s’opposer au premier et à armer des mouvements de résistance en Palestine ou au Yemen. Nous le disons sans ironie : tant mieux pour ces mouvements. Mais décréter sur cette base qu’Ebrahim Raïssi, le « boucher d’Evin », était un « anti-impérialiste » est une insulte aux luttes héroïques des peuples opprimés d’Iran. L’anti-impérialisme, c’est d’abord être au côté des peuples contre leurs oppresseurs. C’est soutenir la résistance des femmes, des ouvriers, des étudiants en Iran contre le régime théocratique, sanguinaire et réactionnaire .
Vive la lutte des peuples d’Iran !
Jin Jiyan Azadi !
Classe contre classe
Bruxelles, 31 mai 2024